Moi c'est Sullivan Faith Grid, je suis un Détaché mais mon métier c'est plutôt du genre professeur de littérature.

Je suis âgé de 37 ans, l'âge parfait, quoi. Je suis né à Paris. Actuellement, je suis célibataire et par dessus le marché, j'aime les femmes... jusqu'ici. Ah au fait, j'ai eu un Daemon qui s’appelait Faith Grid.
Bon, je vais te raconter un peu ma vie, tu verras, ce sera chouette.

« Je dirais que tu es plutôt grand, même pour un homme... mais pas trop ! Ou alors c'est parce que je suis assez grande aussi... » - Sully rit en voyant son Daemon se mettre sur la pointe des pieds pour atteindre sa hauteur. Oui, il était plutôt grand, sans pour autant être d'une taille excessive. Faith recula et le jaugea d'un oeil averti. « Tu es plutôt musclé aussi, sans avoir l'air d'un boxeur ! J'aime ça d'ailleurs ! Ça te donne un petit côté fragile irrésistible... Parfois j'ai l'impression que rien ne pourrait te résister, et à d'autres moments, c'est comme si tu allais te briser entre mes mains. C'est frustrant, vraiment ! » L'homme ne dit toujours rien, se contentent de sourire des remarques de Faith. Elle se met à tourner autour de lui, une main sur le menton et les yeux plissés, comme en pleine réflexion, puis s'arrête soudain face à lui avant de s'approcher, ce qui le fait frissonner.

« J'avais jamais remarqué que tes yeux changeaient de couleur au soleil... Ils deviennent d'un bleu aussi profond que l'océan au large. Et dans la nuit, ils se colorent d'ombres. Parfois je trouve qu'ils ont la couleur du ciel lorsqu'il fait orage. Dis moi, chéri, tu es sûr que tu es Humain ? » Elle rit et Sullivan rit à l'unisson avec elle, heureux de la voir si frivole pour une fois. D'un geste doux, elle suit du bout du doigt la fossette qui se creuse à la frontière de sa joue lorsqu'il sourit. « Tu as une si grande bouche... j'ai l'impression qu'elle dévore ton visage... C'est dingue ! Regarde toi, un vrai tombeur ! » L'homme pose sa main sur celle de la jeune femme et lui embrasse le front alors qu'elle en profite pour aller fourrer ses mains dans la tignasse récalcitrante de son Lié. « On dirait que tu sors du lit ! Mais j'adore ça... ça te donne un air revêche, rebelle, et encore plus irrésistible. Monsieur Grid, vous ne devriez pas être autorisé à sortir ainsi coiffé, vêtu, et ce sourire aux lèvres, c'est indécent ! »

Sullivan laisse son Daemon jouer dans ses cheveux et lorsqu'elle s'éloigne, il l'attrape par les hanches, lui arrachant un rire de fillette, avant de l'asseoir sur ses genoux. Ils tombent tous deux dans l'herbe, et le jeune homme soupire d'aise alors qu'elle s'amuse à lui chatouiller le nez. Il ferme les yeux pour savourer l'instant, et sens qu'elle s'approche pour lui embrasser les paupières avant de reculer en riant légèrement. « Tes cils me chatouillent. Ils sont aussi longs que ceux d'une fille ! Et tu aurais pu te raser, ça pique ! Vieux grizzli...» Ce n'est pas la première fois qu'on lui fait cette remarque, et Sullivan éclate d'un rire non contenu avant d'ouvrir les yeux pour laisser son regard pétillant se perdre dans la beauté des traits de Faith.

« Je ne suis pas impatient ! » - « Tu l'es ! » Sullivan soupire, ne trouvant rien de plus à répliquer à son Daemon. Il est sans doute un peu impatient, elle a raison. « Mais je ne suis pas irréfléchi ! » - « Parfois... Mais j'avoue que tu es plus souvent trop réfléchi ! Pas assez spontané. Surtout lorsqu'il s'agit de sentiments... Lâche toi un peu ! » Le jeune homme grimace. Il n'a jamais été doué pour exprimer ses sentiments et se cache souvent derrière ses connaissances pour éviter de s'exposer. « Tu ne risque rien à te dévoiler au monde, Sully... Tu es quelqu'un de formidable, et je crois que ça te ferait du bien d'aller vers les gens. » Loin d'être associable comme Faith le sous-entendait, le professeur était discret et souvent mit à l'écart par lui-même. Peu désireux de se trouver sur le devant de la scène, il en devenait invisible, mais bizarrement, cette vie 'cachée' lui plaisait. Il n'avait jamais eut envie d'être une personne importante, influente, mais au contraire de pouvoir vivre sa vie d'anonyme comme il l'entendait, et sans qu'on ne vienne le juger. Lui même s'abstenait de juger les autres, surtout lorsqu'il ne les connaissait que peu, ou pas du tout. Même ses élèves échappaient à cela, et il préférait de loin une bonne discussion diplomatique pour mettre les choses au clair plutôt qu'une dispute sourde ou une punition sans intérêt. A ses yeux, les actes de chacun sont dictés par des raisons plus profondes que la simple volonté de 's'amuser' ou 'blesser', et il s'applique à analyser chaque individu dans le but de comprendre ces motivations invisibles...

« Mais parfois tu te mets en colère. Je déteste ça. » Faith avait rarement été témoin des colères de son Lié, et elle ne désirait pas en voir plus. Sullivan devenait incontrôlable lorsqu'il s'emportait dans la rage. Il perdait totalement la raison et rien qu'on pouvait dire ou faire ne pouvait le calmer. Il le faisait de lui même, au bout d'un certain temps... Cependant ces accès de rage étaient rares – heureusement – et souvent le résultat de quelque chose jugé grave par le professeur. Le reste du temps, il était d'un calme olympien, et souvent souriant, ou perdu dans ses pensées. La tête dans les livres depuis l'enfance, il avait grandit avec eux et les lâchait en de très rares occasions pour se sustenter et dormir. On aurait pu le considérer comme un rat de bibliothèque, ringard et campé sur ses positions, mais le fait était que Sullivan était un homme ouvert d'esprit, et vivant avec son temps. Sans cesse à la recherche de modernité, Faith avait vu la maison changer mainte fois de décors depuis sa naissance, et Sullivan l'emmenait partout découvrir le monde et ses mystères, en rêveur endurcit, et friand de voyages à l'autre bout du globe – sans doute une conséquence d'une lecture trop passionnée de Jules Verne, le visionnaire – et alors elle le sentait heureux. Il était libre, et tenait à sa liberté. Peut-être était-ce la raison pour laquelle elle-même avait toujours été libre de ses mouvements. Si Sully l'adorait, il n'avait jamais esquissé un geste de possessivité envers elle, ni n'importe qui d'autre. Il avait confiance en ses proches et amis et en son Daemon, et alors il n'était raison ni de stresser ni même d'être jaloux ou protecteur. La confiance suffit. Jusqu'à ce que le pire arrive...

Depuis la mort tragique de Faith, Sullivan n'a plus confiance. En lui moins qu'en tout autre. Il essaye de se sentir utile et comble chaque vide de sa vie en portant secours à des âmes esseulées, pour avoir l'impression de compter encore. La vérité est qu'il se hait. Il se déteste d'avoir laissé mourir Faith, d'avoir été aussi naïf en la laissant seule en liberté dans son monde. Aujourd'hui la méfiance est son credo, et gagner sa confiance est devenu miraculeux. Ceux qui y parviennent sont des gens qui compteront à jamais pour le professeur, devenu dépressif, et de plus en plus obsédé par ses livres poussiéreux et l'envie de se noyer dans le travail pour ne pas disparaître ou tout abandonner. Ce qui lui permet de tenir s'apparente au souvenir de son Daemon, qui n'aurait pas accepté cet accablement, indigne de l'optimiste et joyeux Sully, et l'intérêt d'un autre Daemon, en aucun cas le sien, mais qu'il a l'impression d'avoir sauvé et aidé à grandir. Une bien piètre consolation pour son âme, encore à vif de son incapacité à prendre soin de sa Faith, ce qui aura causé la perte du Daemon et le désespoir de son Lié.

« En fait je crois que le plus gros problème de ce type, c'est qu'il a l'impression d'être insignifiant, invisible, alors qu'en vérité il est aussi brillant que le soleil, à tous points de vue. Et il est le seul à ne pas le voir... Quelle tragédie ! »

« Tu es incapable de faire les choses correctement ! Incapable d'aimer, de prendre des responsabilités, pas même de t'occuper de ton fils ! Tu n'es rien, rien qu'un incapable qui ne mérite même pas d'être considéré comme un être humain ! Tu es le cauchemar de ma vie, et je rêve parfois que je me jette d'une falaise plutôt quand dans tes bras. »

Les cris retentirent encore et encore, et Sullivan s'appliqua à se boucher les oreilles, les yeux fermés si fort que les larmes qui tentaient de s'en extraire ne parvenaient pas à couler sur ses joues rougies par la peur. Lorsqu'enfin il cessa d'entendre sa mère crier, et que les coups résonnèrent dans le silence, l'enfant rouvrit les yeux, tira sur le fil au dessus de sa tête, ce qui actionna une lampe, et ouvrit son livre avant de s'y plonger, lisant tout haut pour oublier le bruit des coups à quelques pas de lui. Les larmes purent enfin rouler en toute liberté sur son visage pale, et il ne fit rien pour essayer de les cacher. Même lorsque sa mère entra dans la chambre, il ne n'esquissa pas un geste. Elle se précipita vers lui et le serra contre elle si fort qu'il manqua d'étouffer. Le livre du petit garçon tomba violemment au sol, mais fut ignoré.

Il pleurait toujours lorsque sa mère lui embrassa le front avec fièvre, tenant sa tête amoureusement entre ses mains.
Il pleurait aussi lorsqu'elle s'éloigna vers la cuisine, là où elle venait d'assassiner son mari. Il pleurait lorsque la cervelle de sa mère explosa dans un résonance macabre.
Il pleurait lorsque la police le retrouva, tremblant dans son lit, agrippé de toutes ses forces à un livre de contes. On le porta dans une couverture jusque dans une camionnette, en lui murmurant que tout irait bien, qu'il était en sécurité.
Il pleurait en arrivant dans sa nouvelle maison, à ce qu'on lui avait dit. Il n'avait alors que son pyjama, une lingette en guise de peluche, et un livre qu'il refusait de poser pour. Sullivan avait tout juste 6 ans, et il était orphelin. Il ne pleurait plus.

Il aurait pu mal tourner, devenir un délinquant, dealer, alcooliques, violent, sans aucune valeur morale, et complètement fou. Heureusement à l'époque du drame il était tombé sur une famille bien, qui avait décidé de l'élevé à l'instar de ses autres enfants, dans la discipline, la patience, mais surtout avec beaucoup d'amour, de tendresse et de compréhension. Il était un garçon renfermé, qui parlait très peu, et ne pleurait jamais, même dans les pires situations. Sa famille adoptive était modeste, mais Sully ne manqua jamais de rien. On ne le força à rien, et tous furent adorables à son égard. Tous sauf son père.

Sullivan n'avait jamais véritablement eut de père. Le premier était mort des mains de sa mère, et il attendait que le second soit son héros, son modèle. Ce fut le cas, en apparence. Par devant, l'enfant et son père de substitution étaient sur la même longueur d'ondes. Mais cachés dans le placard à balais, l'adulte et l'enfant de jouaient pas. Jamais. Sullivan avait apprit à se taire. Jamais il ne cria en recevant les coups. Jamais une larme de n'échappa de ses yeux secs depuis le soir tragique. Jamais il n'en parla, à quiconque. Et jamais il n'en voulut à celui qui passa près de 10 ans de sa vie à user de sa ceinture sans ménagement pour 'lui apprendre à être un bon garçon'. Ce père, il était malgré tout son modèle. Et il l'aimait. Oui, Sully comprenait que tout ça, c'était pour son bien.

Et lorsqu'il n'était pas frappé, l'adolescent allait se réfugier dans sa chambre et se noyait dans ses histoires de fées, de guerre, d'amour ou de drames. Les livres prirent une importance capitale dans sa vie, et il décida bientôt de suivre les traces de son paternel dans sa vie future. Pas en frappant ses enfants, mais en devenant professeur de sa passion. Enseigner les mots, les phrases, l'histoire... il s'agissait presque d'un rêve, mais ce dernier devint réalité aux prix de lourds sacrifices. Pour le féliciter et lui montrer combien il était fier de lui, le père de Sullivan ne le frappa pas le soir de sa remise de diplôme. Ce cadeau revêtait une valeur symbolique aux yeux du jeune homme, alors âgé de 23 ans. Les soirs suivants furent à l'images des dernières années de sa vie : violents et passionnés. Le professeur ne cessait de se noyer dans ses lectures pour oublier la douleur et la honte. Il savait que sa famille était au courant, mais personne ne faisait rien, et ce sentiment d'admiration envers son père, sa reconnaissance pour celui qui l'avait tiré du malheur, se transformait petit à petit en haine viscérale, insoutenable.
Sullivan avait l'impression d'être un pantin, une chose sans âme, sans coeur, et dont personne ne se soucie. Peu à peu, il se mit à remettre en question le discours de son père quant à son 'bien être', et un jour, il lui rendit ses coups.

Les mains poisseuses,  pleines du sang de celui qu'il venait de frapper à mort, Sullivan était incapable de fuir. Il restait là, tremblant de tous ses membres, agenouillés au pieds du corps sans vie de son père. Ce père qui le frappait chaque soir avec amour depuis maintenant 18 ans. Il avait été son monde pendant autant d'année, sa raison d'exister... Sullivan se rendait compte qu'il avait été conditionné par ce monstre. Et pourtant il continuait à l'aimer comme un fils doit aimer son père, et lui être reconnaissant. La culpabilité l'enveloppa doucement, et le jeune homme s'endormit auprès d'un cadavre. Ce soir là, il ne fut pas frappé, mais il pleura longtemps...
Au réveil, sa vie avait changé, une nouvelle fois. Une jeune femme nue le fixait en frissonnant, et Sullivan se précipita pour l'envelopper d'un drap. Il ne dit pas un mot, ne posa aucune question, se contentant de prendre soin de celle qu'il avait deviné être son Daemon.

Elle se fit appeler Faith par son Lié, parce qu'il n'avait jamais cessé d'y croire, et que l'arriver de la jeune femme dans sa vie l'avait rendue meilleure. Il se développa un amour passionné entre les deux jeunes gens, et leur relation fusionnelle fut délocalisé de Paris vers les États-Unis. A nouvelle vie, nouveau départ. Ailleurs, loin du passé qu'on voudrait oublier mais qu'on préfère garder en mémoire, parce qu'il fait partie de nous, qu'il est notre force et notre faiblesse.
Sullivan et Faith ne se marièrent jamais. Leur amour était simple, plein de tendresse et de joie. Ils furent heureux de longues années. Le jeune professeur, qui avait trouvé un poste dans une université non loin, passait ses journées la tête dans ses livres, ou à contempler la perfection de sa Faith, celle qui l'avait sorti de l'ombre et lui avait donné une chance de tout recommencer à zéro, reprendre sur des bases saines, avec quelqu'un qui l'aimait, vraiment cette fois.
Avec elle, il se sentait capable de tout. Ils voyagèrent partout dans le monde, firent construire une maison, et s'y installèrent ensemble, dans la paix et le bonheur. Elle était la prunelle de ses yeux, et à ses côtés il réussit à voir la vie d'un oeil neuf. Peut-être s'était-il trompé sur la nature humaine... Peut-être y avait-il du bon en chaque homme, et peut-être était-ce de son fait si lui n'avait jamais que côtoyé le pire. Avec elle, il apprit à faire confiance, à vivre libre, et en sécurité. Véritablement cette fois. La nuit, il rêvait encore de son père, et allait dormir dans la bibliothèque pour s'apaiser. Car même Faith ne réussit jamais à calmer les cauchemars...

« Je voudrais pouvoir t'aider à oublier, faire en sorte que ça ne fasse pas parti de ta vie, que ça disparaisse, et ta douleur avec. » Sullivan lui sourit, posant une main sur sa joue enfantine avant de lui caresser avec douceur. « Si cela n'avait jamais existé, je ne serais pas l'homme que je suis aujourd'hui, et tu ne serais pas née. Je ne regrette qu'une chose, Faith, sache le. » Elle ne sut jamais de quoi il s'agissait.

Le crissement des pneus résonna dans la nuits, et le choc laissa une longue traînée pourpre sur le bitume. Sullivan ne fut témoin de rien. Il ne reçu qu'un coup de fil de l'hôpital, bref et sans appel : Fait Grid, Daemon de Sullivan Grid, venait de mourir d'une hémorragie cérébrale après avoir été percutée de plein fouet par une voiture roulant trop vite. Le chauffard s'était enfuit sans avoir pu être identifié, laissant derrière lui le corps agonisant de la jeune femme. Le temps que les secours arrivent, il était trop tard pour sauver sa vie. Et celle de son Lié...
Pour la énième fois, Sullivan allait devoir tout recommencer. Mais cette fois, il avait l'impression que rien ne pourrait plus être un jour lumineux. La perte de Faith fut comme un couteau dans son coeur. Il hurla et cria pendant des jours. Et il pleura pour la première fois depuis de longues années. Il pleura, encore et encore, jusqu'à ce que son corps soit desséché, que sa vie n'ai plus de sens, que son cerveau ne réagisse plus, et que son âme semble morte. Son corps vivait encore pourtant, et il s'efforça de survivre, pour le bien de la mémoire de son Daemon. Faith n'aurait pas voulut qu'il abandonne, alors il n'abandonna pas. Plus que jamais les livres devinrent son refuge. Il lisait la journée, la nuit, ne dormait plus, mangeait à peine, perdu dans ses ouvrages vieux de dizaines années... Sa bibliothèque devint la seule pièce de la maison dans laquelle il accepta de vivre. Cela dura ainsi pendant quelques moins, qui parurent des années interminables à Sullivan, rongé par la culpabilité, le chagrin, la colère et la honte. Ces même sentiments qui l'avaient saisis à la gorge le jour où il avait tué son père adoptif. Ceux qui définissaient sa vie.

Sauver une vie redonna un semblant de sens à son existence perdue. Un Daemon, visiblement perdu, se retrouva chez lui alors qu'il ruminait son malheur. Il ne parlait pas, ne disait pas un mot. Et pendant un moment, il rappela à Sullivan son enfance. Il décida de le nommer Echo, afin de lui donner la parole. Comme par magie, le jeune homme se mit à s'exprimer. Il ne dit jamais vraiment à son sauveur ce qui lui était arrivé, et Sully ne lui avoua jamais la vérité sur sa vie non plus. Il avoua simplement être professeur, et décida d'aider son protégé plus qu'en lui procurant une identité. Il s'appliqua à lui apprendre à lire, se repérer dans sa nouvelle vie, se méfier, aimer, être heureux. Il le fit s'installer au bout de quelques semaines, et décida qu'il était temps pour lui de le laisser exister par lui-même. Son Daemon à lui était mort, et il ne pourrait jamais le remplacer, même si il aimait ce sentiment de force et de vitalité, d'utilité, qu'il ressentait en aidant Echo. Il avait l'impression qu'en faisait grandir et vivre ce jeune homme, il se faisait vivre en même temps. Cependant il ne fit rien pour retenir le Daemon solitaire, et se renferma dans sa solitude une fois Echo parti.

Un jour, il revint, et son regard pétillant et reconnaissant fit sourire Sullivan, sans raison. Alors il sut que si il voulait continuer à avancer, il devait oublier ses démons et aller de l'avant en positivant. Il ne serait plus jamais le même, mais peut-être réussirait-il à vivre encore quelques mois ou quelques années sans avoir l'impression atroce de sentir son cœur et son âme se consumer à la vitesse insoutenable du temps qui passe...

« Je ne regrette qu'une chose Faith, c'est de n'avoir pas été capable de me tuer en même temps que lui, en même temps que toi. Et maintenant c'est trop tard, je n'ai plus le droit de partir... Je dois rester pour vivre, même si ça fait mal, même si je ne le mérite pas. »

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