J'suis un beau gosse ~ Il faut savoir se montrer modeste, mais aussi réaliste. Asmodé n'est pas un thon. Il a rien à envier à personne. Il est plutôt grand (1m83), il est plutôt costaud pour ses 88 kgs, sa carrure prouve qu'il entretient son corps et qu'il le chouchoute. Sa tignasse blonde est négligemment coiffée, et l'azur de ses yeux en ont fait chavirer plus d'une, même en une seule année - il se félicite d'ailleurs souvent de ce palmarès qu'il trouve plus que respectable. Sa peau est vierge. Pas un tatouage, pas un piercing. Il trouve ça même assez vulgaire. Une trahison envers son corps déjà plus que bien. Côté vestimentaire, rien de particulier. Vraiment, il n'est pas gothique, il n'est pas classique, il est juste moderne. Une chemise, un t-shirt, une paire de jeans, des chaussures de ville ou des baskets et tout est bon. Il sait cependant être classe lorsqu'il le faut, en soirée ou pour les occasions exceptionnelles.

Mister Monde. Il le sait qu'il est beau. Il en profite. Son physique est de loin son atout principal. Il n'a besoin que de sourire pour obtenir ce qu'il veut. Tout est tellement facile quand on s'appelle Asmodé Swan. Il est surtout extrêmement modeste, comme vous pouvez le lire. Il a beaucoup de confiance en lui. Il ose, il tente tout. Impulsif et borné, dès qu'il a une idée en tête, il la réalise et il ne recule devant rien ni personne. Son idée, sa manière de faire. Charmer, jouer, se moquer, critiquer, diriger, embrouiller, baratiner, mentir, sourire, faire languir sont ses moteurs de la vie. Il ne faut pas lui faire confiance, il n'est pas très loyal, en plus d'avoir l'esprit d'un gamin de 7 ans. Son passe-temps préféré, c'est d'embêter sa Liée. Il tient d'ailleurs un journal dans lequel il inscrit le jour, l'heure, en combien de temps, la manière et la puissance des confrontations. Son record personnel est d'1'42" mais il compte bien améliorer sa performance. Du moment qu'il reste son centre d'attention, tout est bon.

Sa tête était lourde, ses oreilles bourdonnaient, ses membres ne lui répondaient pas. Il ne savait pas où il était, ni ce qu'il faisait là. Sa vue était trouble. Soudain, une douleur lui transperça le corps. Ses paupières clignèrent plusieurs fois avant qu'il ne puisse voir correctement autour de lui. Il était dans une chambre et il avait un peu froid. Lorsqu'il parvint à tourner la tête, il aperçut cette personne qui, les yeux clos, se vidait de son sang. Il prit le temps de la détailler, cette jolie blonde. C'est à ce moment qu'il comprit qu'il était nu, et que son corps fonctionnait parfaitement bien. Mais il n'y avait plus une seconde à perdre, il fallait faire vite. Il attrapa le téléphone portable qu'il avait pu trouver sur le bureau et s'empressa d'appeler le 911. Comment il avait su quoi faire, il ne le savait pas vraiment. En attendant les secours, il en profita pour chercher de quoi s'habiller. Pas facile dans une garde-robe de fille. Pas le même taille, pas la même carrure, pas le même sexe, pas les mêmes goûts. Il se contenta du plus rapide. La douleur qu'il ressentait était intense et ses mouvements étaient lents. Une fois couvert, il retourna auprès de la jeune fille. Il n'y avait aucun doute possible, c'était elle.

Il attendit patiemment auprès d'elle. Il ne fallait pas dormir. Il avait interdiction de dormir. Pas tant qu'il ne la verrait pas ouvrir les yeux. Un jour - il n'avait pas compté - il vit enfin deux perles bleues. Il était la première chose qu'elle venait de voir après son réveil, mais il ne la connaissait pas vraiment. Cette première rencontre ne fut donc pas vraiment comme il aurait pu espérer. A la place d'un accueil en fanfare, il avait plutôt eu le droit à l'interrogatoire dans les règles de l'art. Le seul souci eut été qu'il ne pouvait pas vraiment répondre. Il aurait bien aimé que ce soit elle qui lui donne ses réponses, mais ce n'était pas envisageable. Elle n'avait pas l'air de l'accepter, comme s'il était un intrus dans sa vie - bien que, quand on y réfléchissait, c'était un peu le cas. Sans parler du fait qu'il se baladait avec les vêtements de la jeune fille, trop petits, sur lui. Mais il resta auprès d'elle. Il n'avait pas le choix. Les premiers jours, il pouvait à peine quitter la pièce sans ressentir une douleur envelopper son être. Le plus dur à supporter, c'était le comportement de Lillith. C'est ainsi qu'il apprit le rejet.

Il avait appris à argumenter, à force de regarder des émissions sur la télévision dans la chambre de sa Liée. Lorsqu'elle dormait, il mettait le volume au minimum et zappait allègrement sur les émissions de débat. Il savait qu'il en avait besoin. Lillith voulait sortir. Ce n'était pas évident, car les tentatives de suicide étaient prises très au sérieux. Imaginez qu'elle retente, il fallait de sacrés arguments pour assurer le coup. C'était là qu'il rentrait en jeu. La première étape était simple : l'infirmière. Cinq minutes de sourire lui avaient suffi. Il était même allé jusqu'à poser sa main sur son épaule pour avoir plus d'impact. La deuxième étape, c'était le médecin. Grâce à l'infirmière, il avait plus de crédit. Sa promesse fut donnée, Lillith était libre de sortir. Il était fier de lui, lui qui avait en plus eu le droit de recevoir un prénom, une chose extrêmement importante pour toute personne, et c'était sa Liée qui lui avait donné : Asmodé. Il ne regrettait qu'une seule chose, avoir le même nom de famille. Avec sa tignasse blonde, il passait pour le frère et il détestait ça. Il n'allait pas non plus se battre pour cela, que Lillith ait accepté qu'il reste était déjà un grand progrès pour lui.

Cela fait maintenant un an que c'est comme ça. Ils vivent dans le même appartement payé par une bourse universitaire, mais la relation entre le Daemon et la Liée n'est pas idéale, du moins pas pour Asmodé. Il veille sur elle, comme n'importe quel Daemon doit le faire, mais ce n'est pas seulement parce que c'est son devoir : il le fait par envie, parce qu'il n'a pas envie de revoir ce corps frêle baignant dans son sang et quittant cette vie. Il fait des efforts, même si son naturel taquin revient au galop, il a même réussi à trouver un job pour participer aux frais - ce qui est parfois assez difficile, la séparation avec sa Liée est toujours douloureuse.