Moi c'est Robert Fern, dit Fernie , je suis un humain  mais mon métier c'est plutôt du genre jardinier.

Je suis âgé de 31 ans, l'âge parfait, quoi. Je suis né à Los Angeles . Actuellement, je suis célibataire et par dessus le marché, j'aime les cactus . Ah au fait, je suis seul au monde.
Bon, je vais te raconter un peu ma vie, tu verras, ce sera chouette.

Malgré ses nombreuses heures passées dehors, Fernie reste désespérément blanc, aussi pâle qu’un gars qui travaille devant un pc toute la journée. Bronzer et avoir l’air d’un surfeur hawaïen, ce n’est pas dans ses gènes. Et ce n’est pas sa corpulence qui viendrait détromper cette affirmation. Bien qu’ayant une musculature plutôt bien entretenue grâce à son métier, sa carrure reste fine et Fernie n’a pas l’étoffe d’un grand sportif. Il n’est pas très grand, se contentant allègrement de son mètre soixante-quinze. Prendre soin de lui ça n’était pas non plus dans sa nature, mais il fait des efforts considérables à ce propos ces derniers temps et renouvelle non sans mal sa vieille garde-robe. Ainsi se mélangent dans son armoire et parfois aussi dans la même tenue les vêtements impeccables, bien repassés et immaculés et les vieilles loques à deux doigts de déclarer forfait, vestes en cuir émaillées, pantalons râpés, chaussures éculées.
On peut dire que niveau physique, mis à part son teint pâlot et sa taille qu’il souhaiterait plus grande, Fernie s’en sort bien. Un visage agréable et harmonieux qui supporte une coupe de cheveux aux longueurs parfois inégales mais généralement bien coiffées, à part lorsqu’il y a des coups de vent. S’il connait le pouvoir de son sourire charmeur, Robert n’en fait que peu usage tant il a souvent l’air inquiet ou préoccupé et ses beaux yeux bruns sont souvent fuyants. Oui, les cactus c’est préoccupant. En parlant de cactus, les doigts et les avants bras de Fernie sont quelques peu écharpés. Les loisirs à épines ça laisse des traces même pour les plus connaisseurs.

Vous cherchez quelqu’un pour vous remonter le moral ? SURTOUT, ne pensez pas à Fernie. Il est plus défaitiste qu’une rencontre de dépressifs anonymes. Fernie a la mauvaise tendance de voir le mal partout, et parvient rarement à voir le bon côté des choses. En plus de cela, même si ça s’améliore avec le temps, le jardinier est du genre rancunier. A part ça il est plutôt de bonne compagnie et peut être un convive joyeux, si vous ne titillez pas les points sensibles. Autre chose : ne vous avisez pas de parler de plantes, de jardinage, de cactus avec lui, au risque de vous coller pendant des heures les histoires de ses derniers semis. Et vous ne voudriez pas non plus savoir pourquoi les magnolias ne sont pas encore en fleurs cette année et quelles conséquences cela aura sur tout le reste du monde. Vous l’aurez compris, lorsqu’il s’éprend de quelque chose, c’est un passionné et il a tendance à vite se laisser déborder par l’enthousiasme. Ce qui a d’ailleurs posé des soucis avec ses dernières conquêtes féminines ou masculines. Notons que Fernie s’est récemment découvert une attirance pour les hommes, attirance qu’il n’assume pas entièrement. S’il peut sembler étouffant aux yeux de certains, il n’en est pas moins plein de bonne volonté, et surtout sans aucune mauvaise intention. Presque un brave type.

« Fernie, ça fait déjà deux semaines et je n’ai aucune nouvelle de toi. Tu ne réponds pas au téléphone, pas à ma lettre, tu n’ouvres pas quand on sonne chez toi. Je ne suis pas la seule à m’inquiéter pour toi, tu sais.
Je suis la première à comprendre ton chagrin et la première peinée. Je sais que c’est difficile, mais il faut tourner la page. Je suis là si tu as besoin de parler.
J’espère que tu parviendras à surmonter ta peine, et que tu comprendras que c’est avant tout un mauvais coup du destin. Personne n’est fautif. Ni moi, ni toi, ni Ledg, ni personne. »

« C'est toi la fautive, connasse. »
En grognant, Fernie chiffonna la lettre avant de se raviser et de la déplier pour la tourner et écrire au dos.

« Je crois, ma pauvre Ellie, que tu te trompes sur toute la ligne. Ce n’est pas le chagrin qui me maintient loin de toi, c’est la haine. Si j’accepte de répondre à ta lettre, c’est uniquement pour te sommer de ne plus m’importuner. Ni par lettre, ni par mail, ni par appel ou sms et sûrement pas en venant directement sonner chez moi. Je n’hésiterai pas à porter plainte pour harcèlement si tu décidais de continuer.
Je n’irai pas jusqu’à dire que je vais bien, mais sache que je me porterai mieux sans avoir de tes nouvelles.
Adieu,
Rob. »

« Connasse »
Maugréa-t-il à nouveau, en léchant le timbre pour le coller sur l’enveloppe. Et il s’effondra à nouveau sur son lit, en attrapant un oreiller pour enfouir sa tête dedans. En fermant les yeux, il la revoyait. Legend, sa belle jument baie, son pas élégant, son galop puissant. Ce bonheur de ressentir les sabots qui se posent au sol, l’un après l’autre, et s’envolent à nouveau.

« Tu l’as tuée, connasse ! »
Il faillit déchirer la lettre, qu’il tenait encore de sa main gauche, mais se ravisa et recolla son nez dans l’oreiller. Legend avait été toute sa vie, ces dix dernières années, depuis qu’elle était venue au monde. Elle était la fille d’une vieille jument du ranch où Fernie avait passé son enfance. Un cadeau de son oncle, propriétaire du ranch et éleveur de chevaux de compétition. Robert y avait mis tout son argent de poche, contribuant à cet heureux événement en payant la saillie avec l’un des meilleurs étalons du coin.
Et Legends of the Moon était née, peu après les quinze ans de Rob. Même s’il eût besoin de l’aide de son oncle pour la débourrer, ce fut essentiellement Fernie qui s’en occupa. Dès qu’ils furent tous deux en âge de participer à des compétitions, ils s’engagèrent dans ce chemin. Pour Rob, le chemin était tout tracé : avec Ledg, ils gagneraient tous les grands prix, et le garçon gagnerait le reste de sa vie à débourrer des chevaux. La première année se passa plutôt pas mal, et sans rafler toutes les coupes, ils eurent des résultats plutôt honorables. C’est lors de l’une de ces compétitions que Fernie rencontra Elisabeth, et le courant passa immédiatement entre eux deux. Ils finirent même par devenir plus qu’amis, chose incroyable pour Fernie qui avait passé ses dix-huit premières années d’associable à croire qu’il finirait seul comme un con. Leur couple ne dura qu’un an et demi, car Rob se rendit compte qu’au final ça n’était pas si con d’être seul, et qu’il avait bien plus la paix qu’avec Ellie. Mais leur amitié perdura. Ils se voyaient fréquemment lors de sorties à cheval, ou bien lors de compétitions. Ce fut l’une de ses seules amies, et surtout la seule qu’il garda tant de temps. Pendant de nombreuses années, la vie de Fernie se résumait à Legends, leurs sorties, les compétitions et Ellie. Jusqu’à ce jour où Fernie accepta de prêter Ledg, la prunelle de ses yeux, à Ellie pour une compétition. Son cheval à elle s’était blessé et elle tenait fort à participer à cette compétition.
C’est la voix tremblante qu’Ellie l’appela le lendemain. Ledg s’était emmêlée dans ses longes à l’attache, et s’était étranglée en quelques dizaines de secondes. Le temps qu’Ellie réagisse et coupe les longes, c’était trop tard, tout était fini. Et voilà comment Legends s’était éteinte et avec elle dix ans de complicité avec celle que Fernie appelait sa fille.

Ce qui nous amène aux cactus. Après trois bouquets de fleurs envoyés par Ellie chez Fernie, qui finirent en charpie devant la porte de celle qui fut son amie et qu’il ne parvenait pas à pardonner, celui-ci trouva un jour un petit pot accompagné d’un autre mot d’excuse qu’il s’empressa de déchirer. Fernie, qui avait muté en fantôme depuis l’accident, allait réduire une nouvelle plante en charpie, l’empoignant à pleine main, lorsqu’il se blessa aux branches recouvertes de piquants camouflés par les feuilles. Le temps qu’il retire sa main en pestant et en riant d’Ellie qui n’avait rien trouvé de mieux à lui envoyer qu’un cadeau empoisonné, la plante s’était recroquevillée comme une petite créature fragile. Il n’en fallut pas plus au cœur encore émotif de Fernie pour décider qu’il ne pouvait pas faire de mal à cette petite chose qui réagissait comme un animal blessé. Alors il l’adopta. Et lorsqu’elle mourut au bout d’un mois, après quatre pauvres petits jours de négligence d’arrosage, Fernie retomba au trente sixième dessous. C’est un cactus acheté au supermarché qui lui rendit le moral. Rien de moins intéressant et moins interactif qu’un cactus. En plus ça piquait plus que sa plante qui bougeait. Mais un cactus, ça ne meurt jamais. Et même quand on l’oublie, même quand il est déraciné, on peut le ramener à la vie. Ce qu’il n’avait pas pu faire pour Ledg.
Non sans mal, Fernie continua le travail qui était en cours avec les chevaux qu’on lui avait confiés. Ca le faisait sortir. Mais dès lors qu’ils repartirent chez leurs propriétaires, au bout de trois mois pour le dernier, Rob ne revint plus au ranch. Il tira un trait sur cette vie-là, et c’est par un heureux hasard, un type rencontré sur un forum de passionnés de cactus, qu’il se reconvertit en jardinier.
Car d’un cactus de supermarché, il était passé à douze au bout de quinze jours, et trente-six au bout d’un mois et demi. Ca y est, ils avaient envahi sa vie. On soigne sa dépression comme on peut.
S’il n’en est plus là aujourd’hui, la passion des cactus et des plantes succulentes lui est restée. L’appartement de Fernie en est totalement infesté, son séjour est rempli d’étagères sur lesquelles s’épanouissent des dizaines de cultivars d’espèces plus ou moins rares. Fernie s’est même payé le luxe de déménager pour un appartement avec une petite véranda et un balcon sud-ouest, exprès pour ses pensionnaires et s’est par ailleurs récemment découvert une passion pour les plantes carnivores pour lesquelles il a aménagé un grand terrarium qui trône dans son salon.

Bonjour tout le monde ! C'est moi Aspa, la personne cachée derrière l'écran.
Je suis arrivé(e) ici grâce à un partenariat et je suis majeur(e) puisque j'ai 26 ans.

Mon niveau rp est Vétéran et j'aime les cactus    .