Asha aurait pu être un petit tendron avec son caractère si attachant. Mais non, la jeune fille est grande et fine. Un mètre soixante-quinze et une taille de guêpe qui font tourner de nombreux regards sur sa silhouette filiforme. La démarche gracieuse, on pourrait imaginer une danseuse étoile qui foule le pavé. En effet, Asha met un point d’honneur à être parfaite à chacune de ses apparitions publiques, même lorsqu’il s’agit uniquement de descendre les ordures dans le local. Une longue chevelure flamboyante qu’elle entretient avec énergie, de manière à ce que ses fils de feu brillent toujours. Une couleur de peau blanche, des yeux en amande lapis-lazuli, elle est souvent qualifiée de jolie. Asha le sait mais n’en abuse pas, elle aime simplement prendre soin d’elle. Une bouche ni pulpeuse ni trop fine, qui cache un baiser qu’elle n’a encore jamais donner. Elle est bien faite et pourtant, elle ne fait aucun sport et mange énormément. Son organisme est tolérant avec elle, un bon point pour la maladroite qu’elle est.

Vestimentaire, Asha sort du lot. Toujours des tenues aux couleurs flashys, ce n’est jamais vulgaire ni trop rocambolesque. Mais c’est son style, son univers coloré et joyeux. Elle sait être élégante et femme, mais la jeune femme préfère un univers utopique plutôt que trop de sévérité dans son quotidien. Ainsi, ses différentes couleurs l’habillent et lui donne le sourire.
   

Asha est une jeune fille pleine de vie. Pétillante et rigolote, elle ne perd jamais un instant pour s’amuser ou s’offrir des instants inoubliables. Pourtant, son apparition n’était pas des plus attrayante, mais la jeune rouquine est passée au-dessus de cela grâce à un optimisme inébranlable. Débonnaire, elle aime s’occuper des autres,  prendre soin d’eux sans chercher à obtenir quelque chose en retour. Il est possible que sa trop grande crédulité et sa corruptibilité soient souvent utilisés pour obtenir d’elle, ce qu’on souhaite. Asha peut se montrer blessante et culottée si elle se rend compte qu’on a abusé d’elle, sans ressentir aucun sentiment, elle qui est si démonstrative en temps normal. Il y a bien une chose qu’elle ne peut accepter, c’est le manque de respect et d’honnêteté. Même si ça peut faire mal, Asha ne mentira jamais uniquement pour plaire à quelqu’un. Espiègle, la jeune rouquine fait tout pour rire car elle pense que cet émotion transporte les gens et qu’un rire est beaucoup plus sincère qu’un sourire. Douce et affectueuse, elle aime les étreintes tendres et les baisers sur le front. Asha est amatrice de petites attentions - parce que ça égaye ses journées. Ou alors, pendez devant son nez un morceau de chocolat et vous deviendrez son meilleur ami. Gourmande à l’excès, Asha ne se prive de rien et elle peut remercier le bon Dieu de ne prendre aucun gramme. Sportive? Elle pourrait l’être si elle n’était pas autant étourdie et maladroite. Ainsi, pour satisfaire cette grande énergie qu’elle possède, elle s’applique dans l’art. Talentueuse, la jeune Asha est passionnée du dessin depuis sa “naissance” et retransmet tout ce qu’elle voit et pense, sur une feuille blanche. Sensible et romantique, elle aime s’inspirer de ce qui l’entoure. Maniaque, chaque chose est rangée à sa place et elle ne supporte pas le désordre ou la saleté. Asha peut d’apparence surprendre par une grande extravagance qu’elle assume complètement. Elle aime se faire remarquer sans être nombriliste, simplement que rentrer dans un moule n’est pas de son désir. Elle préfère être elle-même et assumer sa différence, elle est bohème. Bavarde, Asha est un moulin à parole qui peut devenir rapidement soulante si elle n’était pas autant attachante dans sa candeur. Et oui, elle est qualifié comme une femme enfant, ne se cachant pas de son goût prononcé pour les affaires enfantines. D’ailleurs, elle est légèrement capricieuse mais use simplement de son charme pour obtenir ce qu’elle souhaite. Impatiente également, il vaut mieux ne pas la faire attendre. Mais son influence facile peut être un moyen de dompter ses exigences. Cabocharde, elle ne lâche pas facilement le morceau et même si elle a tort, Asha n’aime pas admettre ses erreurs et préfère passer à autre chose. Généreuse, elle donne trop facilement ce qu’elle possède pour faire plaisir. Exclusive, la jeune rouquine n’aime pas partager ses connaissances ou les personnes qu’elle apprécie dans une crainte de l’abandon. Pourtant, c’est elle qui abandonne le plus souvent car c’est une grande aventureuse en quête d’adrénaline et elle est intrépide. Spontanée, Asha est une personne entière qu’il est difficile de détester, malgré ses petites ombres au niveau de son caractère.
   

Ce moment. Cet instant précis ou tu ouvres les yeux et que tu contemples avec frayeur l’obscurité qui t’entoure. L’odeur de soufre, la couleur vermeille qui colore la terre et le bruit assourdissant de canon, de cris d’entraides et d’agonies. Je pensais me retrouver près de lui, de cet être qui m’appelle, de ses prunelles dont j’ai besoin pour me sentir apaiser. Tout ce qui m’entoure n’est que ténèbres, des vêtements qu’ils portent au paysage. Je fais tâche dans le décor, une chevelure flamboyante et une peau laiteuse. Pourquoi y a t-il autant de corps inertes sur le sol? Pourquoi tant de douleur que je ressens? Je suis dans l’incompréhension, dans l’ignorance d’une cruauté qui m’englobe sans que je ne parvienne à le voir, lui. Ma bouche s’ouvre et je tente un mot, mais ce n’est qu’un sifflement qui sort. Un homme s’approche de moi, mirant mon corps laiteux de bas en haut avant de retirer une veste pour l’envelopper autour de moi. « Que fais-tu ici gamine? Tu t’es perdue? » Mes lèvres s’étirent et je plonge mon regard myosotis dans le céladon de ses pupilles. « Non, je cherche ma moitié. » Il fronce des sourcils et j’ai envie d’y poser un doigt pour comprendre cette expression. Un bruit sourd retentit à nouveau, me forçant à glisser deux mains sur mes oreilles pour amoindrir ce que j’entends. « Je ne comprends pas… » En effet, pourquoi étais-je dans ce lieu aride et désolé alors que je devais rejoindre ma moité, celle qui m’attendait et m’avait fait apparaître. Était-il dans ces lieux, lui aussi? Est-ce qu’il décorait le sol ou au contraire, était-il un de ceux maintenant un objet bruyant pour clouer au sol les hommes? Je m’éloignais de ma première rencontre, sans qu’il ne le remarque dans l’immédiat pour traverser ce champ désolant. De nombreux regards, mais aucun qui m’était destiné. Je perdais patience, j’avais crainte de ne pas le trouver et de finir moi aussi, sur la terre humide. Je comprenais rapidement ce qu’il se passait ici. Non, je ne venais pas de naître pour disparaître si soudainement. Cette émotion. Si profonde, si intense. Un regard, deux coeurs qui battent à l’unisson et un sourire. C’était lui, je le sentais, je le savais. Comme les autres, il semblait surpris de me voir. J’étais venue jusqu’à lui, le laissant parler et dire presque les mêmes paroles qu’avaient d’autres. Puis, j’avais posé une main pâle sur la joue du colosse, mon regard plongé dans le sien. « Je suis Toi. Tu es Moi. » De simples mots. Mais il venait de tout expliquer. Ma présence ici, mon besoin viscéral d’être auprès de lui et ce profond émoi qui émanait de moi pour lui, pour ma moitié, pour Sullivan.

Ma courte existence en Afghanistan n’est pas de mes meilleurs souvenirs. Ma naissance n’a pas été des plus classiques, mais je me souviendrais à jamais du premier élan de mon coeur lorsque mes prunelles ont enfin croisé les siennes. C’était le plus important, le plus réconfortant dans ce passage morose. Sullivan n’est pas des plus aisés à vivre. Nous sommes deux antipodes, rien en commun ou très peu. Comment puis-je être son âme? Il m’est essentiel et à la fois, j’aimerais qu’il soit différent, plus dans mes convictions. Je me suis forgée sans apprentissage, comme si j’avais vécu comme une humaine. A la différence près que je n’ai que quelques semaines d’existences.

Non décidément, nous n’avons réellement rien en commun. Je suis partie. J’avais besoin d’espace, de liberté. J’étouffe avec Sullivan. J’ai besoin de vivre, d’être moi et uniquement moi, sans dépendre de lui et de son caractère. J’ai trouvé un emploi, un logement et une certaine stabilité. Certes, chaque soir je sens mon coeur m'étriquer par le manque, pas le besoin d’une étreinte ou d’une caresse de Sullivan sur ma chair. Mais, je suis forte. Je saurais vaincre ces émotions. De plus, je ne semble pas lui manquer car il ne cherche pas à m’appeler, ni même à savoir où je suis. Je ne suis pas si loin, à quelques rues de la sienne mais j’ai l’impression que je l’indiffère. Bien, dans ce cas précis, moi également.

C’est indéniable. On essaye d’échapper à quelque chose mais il finit toujours par nous rattraper. Dans mon cas, c’était ces angoisses qui me submergeait chaque soir, après plus de six mois sans avoir revu Sullivan. Ma poitrine semblait couper en deux, une partie complètement désertique et une autre, qui tentait de s’allier à l’autre pour une unification difficile. Aucun résultat, si ce n’est une grande électricité dans mon comportement. Du coup, j’ai finis par retourner à la source même pour puiser de la force. Sullivan était là, je pense que je ne l’ai pas lâcher pendant une journée complète, accrocher à lui comme un koala ou un bébé singe à sa mère. Mon corps semblait reprendre vie, mon souffle devint plus apaiser et enfin, j’avais une vision de l’avenir moins incertaine, plus optimiste. Advienne que pourra, mais j’espère sincèrement que cette seconde retrouvaille n’aboutira pas à une ultime séparation encore plus houleuse et difficile que la première.